À propos de l'étude

Ce texte de vulgarisation résume l’article de Nancy Feeley, Stephanie Robins, Christine Genest, Robyn Stremler, Phyllis Zelkowitz et Lyne Charbonneau, « A Comparative Study of Mothers of Infants Hospitalized in an Open Ward Neonatal Intensive Care Unit and a Combined Pod and Single-Family Room Design », publié en 2020 dans BMC Pediatrics, vol. 20, n° 38, p. 1-9.

  • Faits saillants

  • Le type de chambre de l’unité des soins intensifs néonatals influence la présence de stress chez les mères dont l’enfant est hospitalisé.
  • Les hôpitaux remplacent de plus en plus les unités ouvertes par des chambres unifamiliales ou chambrettes de quatre à six nouveau-nés.
  • Les mères en chambre unifamiliale et en chambrette rapportent un stress significativement moins élevé que celles en salle ouverte.
  • Les mères en chambre unifamiliale et en chambrette déclarent un plus grand respect de la part du personnel de l’hôpital que celles en salle ouverte.

Marie, maman depuis peu, ne vit pas une transition à la parentalité « normale » : en raison d’un accouchement prématuré, elle est depuis deux semaines au chevet de son nouveau-né, à l’unité néonatale de soins intensifs de l’hôpital. L’inquiétude, le stress, et les difficultés à exercer son rôle parental font désormais partie intégrante de son quotidien. Cela dit, l’aménagement de l’unité de néonatalogie peut-il avoir des bénéfices insoupçonnés pour les nouvelles mères ? L’expérience des soins intensifs reste préoccupante, mais l’est moins lorsqu’elles sont dans une chambre individuelle. 

C’est l’hypothèse d’une étude exploratoire qui compare le bien-être des nouvelles mères dans les chambres unifamiliales[1] et les chambrettes[2] avec celui des mères dans les salles ouvertes[3] des soins intensifs néonatals, à l’Hôpital Juif de Montréal. En 2016, son unité des naissances a subi un réaménagement important : exit la salle ouverte de 34 lits, ce sont maintenant 10 chambres unifamiliales et cinq chambrettes de six nouveau-nés qui composent le service. Au total, 150 mères dont l’enfant est aux soins intensifs, soit 70 en salle ouverte et 80 en chambre individuelle ou chambrette, répondent à des questionnaires sur leur niveau de stress lié à l’hospitalisation et la perception des compétences du personnel hospitalier. 

Les chambres individuelles : précieuse source de bien-être  

Scoop : les chambres individuelles et les chambrettes sont des environnements moins stressants et plus adaptés pour les mamans ! Les mères estiment y ressentir significativement moins d’anxiété liée aux soins intensifs que les mères en salle ouverte. 

Un calcul simple : moins de bébés et d’employés, moins d’expositions à des images et des sons stressants. L’atmosphère chaotique, le manque d’espace et l’absence d’intimité – qui sont caractéristiques de la salle ouverte – sont des obstacles au développement des habiletés parentales. De fait, sans ces éléments, le personnel infirmier peut plus facilement impliquer les mères dans les soins aux enfants. En fin de compte, les mères en chambre individuelle estiment aussi bénéficier d’un plus grand respect et d’un meilleur accueil, car on les traite comme des personnes à part entière et non pas comme de simples « visiteuses ». 

Les mères en salle ouverte se sentent plus restreintes dans l’exercice de leur rôle parental, alors que celles en chambre individuelle ou chambrette ont l’espace adéquat pour rester confortablement au chevet de leur enfant. Sans compter qu’elles disposent de leur propre bulle, indispensable pour apprendre les soins au nouveau-né sans se sentir scrutées ni évaluées. Un résultat qui l’indique ? Les mères en chambrettes ou chambre individuelle passent deux fois plus de temps à l’hôpital auprès de leur enfant que celles en salle ouverte (83,7h par semaine versus 43,97h). Il faut toutefois garder en tête, soulignent les chercheuses, que l’implication parentale n’est pas qu’une question de temps auprès de l’enfant. 

Et l’autre parent dans tout ça ?

Diminution du stress, valorisation du rôle maternel et consolidation des habiletés parentales : le type de chambre influence le bien-être des nouvelles mamans dans l’expérience difficile de l’hospitalisation de leur enfant

Cette étude est centrée uniquement sur l’expérience des mères, mais qu’en est-il de l’effet de la division de l’espace sur la présence, l’implication et le bien-être psychologique du deuxième parent, s’il y a lieu ? N’étant pas seulement des « accompagnateurs » de maman, l’inclusion de leur point de vue et de leur ressenti apporterait sans doute une valeur ajoutée appréciable pour poursuivre cette étude et permettrait de s’assurer que les services de périnatalité sont adaptés à toute la famille.  


[1] Une chambre pour chaque nouveau-né et sa famille

[2] Quatre à six nouveau-nés et leur famille dans un même espace

[3] Tous les nouveau-nés et leur famille sont dans une même salle et les parents peuvent placer une chaise au chevet de leur enfant.