À propos de l'étude

Ce texte de vulgarisation résume l’article de Christine Gervais, Chantal Verdon, Francince De Montigny, Lori Leblanc et Dominique Lalande, « Creating a space to talk about one’s experience of suffering: families’ experience of a family nursing intervention », publié en 2020 dans Scandinavian Journal of Caring Sciences, vol. 34, n° 2, p. 446-455.

  • Faits saillants

  • Le service d’accompagnement familial permet aux familles d’échanger avec une infirmière afin de recevoir du soutien pour faire face à des difficultés, comme un diagnostic de maladie ou une transition de vie qui s’annonce difficile.
  • Ouverture d’esprit, écoute active, engagement, absence de jugement : voilà des qualités que les familles apprécient chez leur infirmière du service d’accompagnement familial.
  • Les familles rencontrées ont particulièrement apprécié la disponibilité de l’infirmière et la flexibilité des horaires (ex. au laboratoire ou à domicile, de jour ou de soir).

« Nous avons eu de très belles rencontres avec l’infirmière. Elle a su nous écouter, nous conseiller, nous encourager et nous diriger vers les bonnes ressources », raconte une femme dont le conjoint a reçu un diagnostic de cancer. S’adapter à l’annonce d’un diagnostic ou à une transition de vie (naissance, séparation, deuil, etc.) peut être difficile pour les proches, qui sont trop souvent laissés à eux-mêmes. Le service d’accompagnement familial, mis sur pied par le Centre d’études et de recherche en intervention familiale (CÉRIF) pour pallier cette lacune, leur permet d’échanger avec une infirmière pour mieux s’adapter au défi qu’ils traversent.

La formule est du type « donnant-donnant » : les familles rencontrent des infirmières en formation, à raison de quatre séances de 60 minutes. Pour évaluer la satisfaction des familles à l’égard du service, une équipe de chercheures en sciences infirmières de l’Université du Québec en Outaouais s’entretient avec 22 personnes (15 femmes et 7 hommes) qui ont participé au programme. 

Ouverture et engagement : une attitude gagnante

Qui dit bon intervenant dit bon service ! Les familles ont grandement apprécié l’attitude de l’infirmière, que ce soit son accueil chaleureux, son ouverture d’esprit, son écoute active et son engagement. 

« J’ai senti qu’elle était vraiment présente et intéressée par ce que nous disions… et par les idées de solutions qu’elle nous apportait. » (Traduction libre des propos de Selena)

Plusieurs soulignent au passage s’être senties acceptées sans jugement par l’infirmière. Sa neutralité et son respect de la différence ont permis à tous les membres de la famille de s’exprimer et de nommer leurs émotions. 

« Elias est un garçon très différent des autres jeunes de 14 ans, et elle l’a accueilli à bras ouverts… Elle l’a vraiment accepté avec beaucoup d’ouverture et de respect, voire d’amour. […] Le fait qu’elle ait accueilli cette différence a été un facteur déterminant pour que ça fonctionne. » (Traduction libre des propos d’Evelyn)

Bienveillance et introspection : une formule qui encourage l’échange

Offrir un breuvage à l’arrivée de la famille, prendre quelques minutes pour parler de manière informelle avant la rencontre, vérifier si tout le monde est à l’aise au cours des discussions : autant de petites attentions de la part de l’infirmière qui pèsent lourd dans la balance émotive. Lorsque toute la famille est présente, elle s’assure aussi de ne laisser personne de côté.  

« Il y a eu des moments où il [le père] s’est ouvert et a dit des choses qui m’ont surpris. Elle savait comment le mettre suffisamment à l’aise pour qu’il puisse s’exprimer. » (Traduction libre des propos de Danya)

Plusieurs ajoutent que les questions posées par l’infirmière leur ont permis de réfléchir plus profondément, de percevoir leur situation différemment et de proposer leurs propres solutions aux problèmes soulevés. 

« Nous avons réussi à mieux communiquer parce qu’elle était là… Elle n’était pas un intermédiaire, mais plutôt une médiatrice, dans une certaine mesure. Grâce aux questions qu’elle a posées, nous avons pu nous dire des choses que nous n’aurions pas pensé nous dire en temps normal. » (Traduction libre des propos de Tamara)

« La force [de l’intervention] est que nous trouvions nos propres solutions et que nous étions simplement guidés en cours de route. » (Traduction libre des propos de Patrick)

Flexibilité et disponibilité : la clé du succès

Recevoir du soutien tout en contribuant à la formation d’une infirmière ? Une recette gagnante, selon les participants. 

« L’avantage [du service d’accompagnement familial] est que les familles reçoivent du soutien, et en même temps ça aide les étudiants… C’est, comme on dit, “gagnant-gagnant”. » (Traduction libre des propos de Timothy)

Une infirmière disponible, des horaires flexibles et des informations adaptées à leur situation : voilà la clé d’un bon programme, ajoutent les familles. En plus de pouvoir rejoindre l’infirmière entre les rencontres par téléphone, courriel ou message texte, elles ont la possibilité de choisir le lieu et le moment de la rencontre (ex. : à domicile ou au laboratoire, horaire de jour ou de soir). L’infirmière les aide aussi à trouver des ressources dans leur propre région.

Quatre rencontres, est-ce suffisant ?

Le service d’accompagnement familial permet de faire d’une pierre deux coups : les infirmières développent leurs compétences d’intervention, tout en améliorant le bien-être des familles. L’attitude et les compétences de l’infirmière ainsi que la flexibilité du service font du programme un succès, selon les participants. Comme le soulignent les autrices, les résultats de cette étude suggèrent que le service d’accompagnement familial est efficace, peu importe la nature de la maladie ou de la transition de vie.

Pour plusieurs familles proches aidantes notamment, ces rencontres sont la seule occasion de se réunir pour discuter de la maladie d’un proche ou d’une transition difficile en présence d’un professionnel de la santé. Seul bémol : quelques-unes d’entre elles auraient aimé avoir accès à davantage de rencontres pour poursuivre leur cheminement. Si quatre sont suffisantes pour aborder certaines difficultés, qu’en est-il des personnes aux prises avec un problème de santé plus sévère, comme le cancer, ou qui traversent une étape de vie plus exigeante, comme les soins palliatifs ?