À propos de l'étude

Ce texte de vulgarisation résume l’article de Nancy Leblanc et Jessie Pelletier, « Le contact peau-à-peau précoce auprès des nouveau-nés à terme : expérience vécue par des parents primipares », publié en 2020 dans la revue Recherche en Soins infirmiers, n° 142.

  • Faits saillants

  • Les mères qui pratiquent le contact peau à peau précoce (CPP précoce) voient leur expérience d’accouchement de façon plus positive.
  • Le CPP précoce chez les pères provoque une prise de conscience et une valorisation de leur rôle paternel.
  • Les bébés qui vivent le CPP précoce sont calmes et curieux et montrent des signes de préallaitement.

Votre partenaire et vous êtes à l’hôpital pour accueillir votre premier enfant. Après plusieurs heures de dur labeur, le voilà enfin! Une infirmière le pose délicatement sur vous : vous sentez son petit corps contre votre poitrine nue, votre partenaire à vos côtés. Le contact peau-à-peau (CPP) précoce augmente le bien-être du nouveau-né… Et aussi celui des parents! 

Nancy Leblanc, professeure agrégée en sciences infirmières de l’Université Laval, et Jessie Pelletier, assistante infirmière-chef à l’unité d’obstétrique du CHU de Québec, recueillent le témoignage de dix premiers parents – cinq pères et mères – sur leur expérience avec le CPP précoce. Leurs récits mettent en lumière les bienfaits de la pratique chez tous les membres de la famille, de même que le rôle essentiel des infirmières durant ce moment privilégié.

L’accouchement sous un nouveau jour

Le contact peau-à-peau, « ça a été le plus beau moment de mon accouchement », partage cette mère. Rien de moins! Et elle n’est pas seule à le penser. Ce moment privilégié bonifie l’expérience globale des mères qui accouchent pour la première fois, remarquent les chercheures. En plus d’être plus satisfaites, plusieurs partagent se sentir plus en confiance après cette période passée avec bébé sur soi.

Les mères décrivent une série d’émotions intenses ressenties pendant cette expérience : bonheur, proximité, intimité. Leur sensation de bien-être se trouve tout autant au niveau physique que psychologique.

« Le fait de rester avec lui, de pouvoir le voir, c’est ça, de pouvoir développer un lien affectif… rapidement, puis… d’être proche de lui… C’est ça que j’ai le plus apprécié de ça. De pouvoir le garder proche de moi (inspire), c’est rassurant. » – Une première mère qui a vécu le CPP

Seul bémol? Certaines ressentent de la culpabilité lorsqu’elles vivent ce beau moment, car elles sont déchirées entre le fait de vouloir en profiter au maximum, et de partager ces précieuses minutes avec leur conjoint! 

« La seule affaire que je trouvais dommage c’est… j’avais l’impression d’enlever le privilège au père de pouvoir le prendre », exprime cette maman. Parce que les pères aussi sont gagnants avec le CPP!

Claque au visage? Oui, mais positive!

Au tour des pères de vivre un moment bouleversant lorsque l’infirmière pose leur nourrisson contre eux : celui de la prise de conscience de leur paternité. Plusieurs trouvent que l’expérience valorise leur rôle en plus d’augmenter leur confiance en eux, et de développer leur sentiment d’attachement envers cette toute petite chose.

« Je me suis senti… Je me suis rendu compte que c’était mon bébé. » – Un père qui a fait l’expérience du CPP

Les pères se sentent tout spécialement fiers et impliqués avec l’expérience du CPP, malgré quelques craintes envers la fragilité de leur nourrisson. Un sentiment nouveau et très apprécié par ceux qui se sentent généralement peu en contrôle durant toute la période de la grossesse… 

« Je me disais : je suis capable de m’en occuper pendant qu’elle récupère. […] tout de suite en partant, ça me montrait que j’étais capable. » – Un père qui a fait l’expérience du CPP

L’intervention des infirmières est cruciale pour l’expérience de plusieurs pères rencontrés : ceux-ci n’avaient jamais entendu parler de la pratique et seraient sans doute passés à côté d’une expérience inestimable sans l’accompagnement d’une professionnelle.

« Je ne savais pas que ça allait être mon tour. Ça m’a genre surpris pareil quand l’infirmière m’a dit : ôte ton chandail! Je n’avais jamais entendu ça, mais j’ai pensé : bon, on va l’essayer! » – Un père qui a fait l’expérience du CPP

Un début de vie paisible, bien au chaud et en sécurité

Difficile de savoir ce que pense un nouveau-né, mais il y a des signes qui ne trompent pas. Les nourrissons montrent qu’ils s’adaptent plus facilement à la vie extra-utérine lors des périodes de CPP. Comment le savoir? Par leurs comportements qui sont des réflexes instinctifs chez les bébés lorsque la naissance se passe en douceur. 

« Le bébé était super relax. Les yeux bien ouverts. Curieux, mais très calme. Pas de stress. Pas de pleurs. » – Une première mère qui a fait l’expérience du CPP

Les petits montrent aussi plusieurs signes de préallaitement grâce aux périodes de CPP. Des exemples? Ils font des mouvements de succion, ou encore cherchent le sein maternel. Chez les parents rencontrés, le CPP a précédé le succès du premier allaitement de leur enfant. 

La recette du succès? Plus d’information par des pros

Pour les chercheures, pas de doute : le CPP juste après la naissance comporte des avantages pour toute la famille. Comment alors généraliser la pratique? Grâce à l’accompagnement des infirmières à la naissance de l’enfant. Plusieurs parents rapportent s’être sentis en sécurité en présence d’une infirmière lors du CPP, et respectés dans l’intimité de leur nouvelle famille. Selon les autrices, l’expertise de ces dernières est donc primordiale et mérite d’être valorisée pour soutenir cette pratique de plus en plus populaire, mais néanmoins méconnue.