À propos de l'étude

Ce texte de vulgarisation résume l’article de Joanie Migneault, « Comment vivent les personnes aînées? Une description de la situation résidentielle et familiale des Québécois âgés de 65 ans et plus » publié en automne 2015 dans le Bulletin Quelle famille? du Ministère de la Famille, vol. 3, no 3, p. 1-17.

  • Faits saillants

  • La population des personnes âgées peut être divisée en trois catégories : les «jeunes vieux» (65-74 ans), les «vieux» (75-84 ans) et les «vieux vieux» (85 ans et plus).
  • Pendant la décennie 2001-2011, la population des trois groupes a augmenté, mais celle des «vieux vieux» a connu un bond de 65 %!
  • Les hommes semblent rattraper le retard qu’ils accusaient face aux femmes et sont de plus en plus nombreux à franchir le cap des 85 ans.
  • Plus de la moitié (60,5 %) des personnes âgées vivent avec un membre de la parenté (conjoint, enfant, autre membre de la parenté).

Les québécois sont de plus en plus vieux!
Il y a près d’un siècle, seule une personne sur vingt était âgée de 65 ans et plus. Avec les avancées médicales et le vieillissement des boomers, la proportion d’aînés a triplé : une personne sur six, au Québec, est âgée de 65 ans et plus! Mais que savons-nous d’eux?

En se basant sur les données de Statistique Canada pour les années 2001 et 2011, Joanie Migneault, de la direction de la recherche, de l’évaluation et de la statistique au ministère de la Famille, a tenté de brosser le portrait des aînés d’aujourd’hui, mais aussi de l’évolution de la situation depuis une décennie.

Des «jeunes vieux» aux «vieux vieux»

D’entrée de jeu, on comprend que le concept de « vieillesse » est imparfait. Plusieurs personnes travaillent encore à 65 ans, alors que d’autres sont retraités depuis belle lurette. Comme le dit l’auteure, « [Le 65 ans] fait référence à une époque où l’on travaillait plus longtemps et où l’on mourrait plus tôt ». On garde cet âge référence puisqu’il conserve « un sens valable du début du troisième âge ». Pour être plus précis, il faut diviser la vieillesse en tranches : 65 à 74 ans, 75 à 84 ans, et 85 ans et plus. Même si elles forment un tout, ces tranches d’âge affichent des caractéristiques bien différentes les unes des autres.

Le cap des 85 ans

Les avancées médicales des dernières décennies semblent porter fruit. En effet, de plus en plus de personnes âgées franchissent le cap des 85 ans. Chaque tranche d’âge connait une augmentation de ses effectifs, mais cette augmentation est plus marquée chez les «vieux vieux». La figure 1 le montre bien : entre 2001 et 2011, la population du groupe de 65-74 ans augmente de 27 %, celle des 75-84 ans de 28 %, contre 65 % chez les 85 ans et plus !

Figure 1 : Évolution de la population par tranche d’âge chez les ainés, 2001-2011

La population de «vieux vieux» augmente bel et bien, et ce pourrait bien être à l’avantage des hommes qui semblent rattraper le retard qu’ils avaient par rapport aux femmes. C’est ce que montre la figure 2. De 2001 à 2011, le nombre de femmes dans cette tranche d’âge a augmenté de 58,2 %, contre 85,2 % chez les hommes. Même constat dans la tranche intermédiaire, alors que la croissance chez les hommes est deux fois plus grande que chez les femmes (40,5 % contre 20 %).

Figure 2 : Croissance en % de la population âgée de 65 ans et plus, selon le sexe et les groupes d’âge, de 2001 à 2011

Avec qui les personnes âgées vivent-elles ?

Plus de la moitié (60,5 %) des personnes âgées québécoises habitent avec au moins une personne ayant un lien de parenté avec elles. Dans la très grande majorité des cas (52,6 %), il s’agit du conjoint ou de la conjointe. Dans de plus faibles proportions, les personnes âgées habitent avec un parent (père ou mère) ou un enfant (4,3 %), ou bien avec une « personne apparentée autre que le parent ou le conjoint » (3,6 %).

Les aînés qui n’habitent pas avec un enfant ou un autre parent (39,5 %) vivent surtout seuls (27,3 %). Certains résident dans un ménage collectif de type institutionnel ou communautaire (10,2 %) ou avec une personne hors parenté (2 %).

La vie de couple

Que peuvent nous apprendre les données de Statistique Canada sur les couples de personnes âgées ? Tout d’abord, le fait que les hommes vivent plus longtemps influence grandement la situation conjugale chez les personnes âgées. Le nombre d’aînées vivant en couple a augmenté, passant de 483 065 en 2001 à 662 010 en 2011, soit une hausse de 37 % en une décennie.

Les données de la figure 3 montrent également que l’âge et le sexe influencent le fait d’être en couple. En effet, les hommes demeurent en couple plus longtemps que les femmes. Advenant le décès de leur épouse, les hommes sont plus nombreux à former un nouveau couple. Chez les femmes, le cas échéant, on a plutôt tendance à demeurer seule.

Figure 3 : Proportion en % des personnes âgées habitant avec un conjoint, selon l’âge et le sexe, 2011

Le genre influence également le fait d’être en union libre en âge avancé. Les hommes, peu importe la tranche d’âge, sont plus nombreux à vivre en union libre que les femmes (figure 4). La proportion d’union libre est deux fois plus élevée chez les hommes de 75-84 ans, et est cinq fois plus élevée chez les «vieux vieux» hommes !

Cette tendance concorde avec le fait que les hommes âgés sont plus nombreux à se trouver une nouvelle flamme après le décès de leur conjointe alors que les femmes ont tendance à prendre le chemin inverse. En effet, les données montrent que, toute tranche d’âge confondue, deux fois plus de femmes que d’hommes préfèrent vivre seules après le décès de leur conjoint (34 % chez les femmes contre 18 % chez les hommes).

Figure 4 : Proportion en % des personnes âgées en union libre, selon l’âge et le sexe, 2011

Un phénomène qui s’accélère

Nous sommes à l’aube du phénomène de vieillissement de la population, un phénomène qui s’accélérera dans les années à venir. Ce portrait, brossé à partir des données du questionnaire court des Recensements du Canada de 2001 et de 2011, donne un bon aperçu de cette tendance démographique. Le retour du recensement long obligatoire, réinstauré par le gouvernement libéral de Justin Trudeau en 2016, permettra peut-être d’obtenir un portrait encore plus juste.