À propos de l'étude

Ce texte de vulgarisation résume l’essai de Guillaume Marois et Alain Bélanger, « De Montréal vers la banlieue : déterminants du choix du lieu de résidence », publié en 2014, dans Cahiers québécois de démographie, vol. 43, n°2, p. 439-468.

  • Faits saillants

  • Les familles qui déménagent en banlieue accordent une grande importance à la langue que parlent leurs futurs voisins, bien plus qu’à leur origine ethnique.
  • La qualité des logements offerts dans la municipalité influence beaucoup les choix des familles.
  • Les couples ayant de jeunes enfants, ou qui prévoient en avoir, préfèrent s’installer dans les quartiers où vivent beaucoup de jeunes familles.

Déménager en banlieue, trouver un logement plus grand, avec un jardin et un garage, une école de qualité à quelques rues, le tout dans un quartier paisible avec des voisins sympathiques… Un tableau qui fait rêver de nombreuses familles! Les villes nord-américaines voient leurs banlieues s’étaler de plus en plus, depuis quelques décennies. Que cherchent les jeunes familles qui quittent le centre pour la banlieue?

Cette étude statistique porte sur les trajectoires résidentielles dans la région de Montréal, allant du centre vers la banlieue. Les auteurs se sont intéressés aux raisons qui poussent les familles à choisir leur lieu de résidence, en accordant une attention particulière à l’impact des facteurs linguistiques et ethnoculturels. La population étudiée est composée des 5600 personnes de 15 ans et plus ayant déclaré, lors du recensement long de 2006, avoir quitté le centre de Montréal pour la banlieue au cours de la précédente année. Puisque le recensement long n’est distribué qu’à 20 % des ménages, les auteurs estiment qu’environ 28 000 personnes auraient migré de Montréal à la banlieue en 2005.

L’étude se concentre surtout sur les motivations des jeunes couples avec enfants ou qui prévoient en avoir. Les chercheurs ont évalué certains facteurs pouvant influencer les choix résidentiels, tels que l’accessibilité des logements et la composition socioéconomique du quartier.

Figure 1. Représentation cartographique de la ville-centre et de la banlieue de Montréal

Parler la langue

Selon qu’elles soient francophones, anglophones ou allophones, les familles sont attirées vers les municipalités où leur langue est majoritairement parlée. C’est moins valable pour les familles allophones, car leur langue est souvent minoritaire, surtout en banlieue. Ceci dit, ils ont tout de même des préférences.

D’après les auteurs, la langue française attire difficilement les immigrants. Les allophones ont tendance à rejoindre plutôt les communautés anglophones. Le choix du lieu de résidence des allophones constituerait donc un obstacle à leur francisation ce qui constitue un enjeu de taille dans le contexte québécois.

Origine ethnique

Les personnes issues de l’immigration semblent préférer les municipalités où vivent plusieurs personnes provenant de leur pays d’origine. Selon les chercheurs, ce choix pourrait être expliqué par la présence plus importante d’institutions religieuses ou ethniques de leur appartenance dans le quartier.

Cela dit, l’origine ethnique des habitants d’une ville a peu d’importance pour les personnes Blanches. Contrairement à d’autres métropoles nord-américaines, une banlieue multiethnique n’aura pas nécessairement d’effet « repoussoir » chez celles-ci.

Des priorités qui changent selon les étapes de vie

Les chercheurs ont également observé l’influence de la structure familiale sur le choix du lieu de résidence. Les personnes âgées sans enfants n’ont pas tout à fait les mêmes critères de choix que les jeunes familles avec des petits en bas-âge! Les besoins des familles changent tout au long de leur vie, selon certains évènements marquants comme l’obtention d’un nouvel emploi ou l’arrivée d’un bébé.

Les couples avec de jeunes enfants (5 ans et moins), ou qui prévoient en avoir, choisissent d’aller vivre en banlieue pour bénéficier d’un environnement répondant à leurs nouveaux besoins. Ils souhaitent un logement plus grand, des écoles de meilleure qualité, ou encore un milieu de vie avec un faible taux de criminalité. Pour eux, la présence d’autres familles avec de jeunes enfants fait partie des incontournables! Si une forte présence de ménages avec de jeunes enfants semble attirer les familles, elle repousse cependant les personnes sans enfants ou qui ne sont pas susceptibles d’en avoir.

Pour trouver un lieu qui correspond à leurs critères, les parents de jeunes enfants déclarent être prêts à s’éloigner de leur lieu de travail et acceptent donc de consacrer plus de temps au transport. L’étude montre que ces jeunes familles préfèrent tout de même s’établir à proximité des grandes villes et privilégient les banlieues qui offrent des réseaux routiers et de transports en commun développés. Selon les auteurs, cela permettrait aux parents de maximiser leur temps libre afin de le consacrer à leurs enfants.

L’accès au logement

L’offre de logements dans une localité donnée est évidemment un élément incontournable du choix des familles. Si la municipalité est en plein développement, ou déjà bien étendue, les nouveaux arrivant auront bon espoir d’y trouver un appartement vacant, un condo ou une maison prêts à les accueillir.

Les municipalités plus anciennes, dont le développement s’est ralenti et où l’offre de logement est saturée, sont bien moins attractives. Les nouveaux arrivants doivent attendre qu’un habitant cède sa place pour pouvoir s’installer. Selon les chercheurs, pour accueillir plus de familles, ces municipalités devraient lancer de vastes projets de construction immobilière et agrandir leur réseau routier en conséquence.

Quels quartiers pour quelles familles?

Cette étude fait le point sur les priorités des familles qui quittent Montréal pour la banlieue. Elle démontre que les étapes de vie déterminent en grande partie le choix du lieu de résidence. Les jeunes familles, notamment, sont plus attirées par les municipalités comportant plusieurs ménages avec de jeunes enfants, probablement en raison de la présence d’écoles dans le quartier.

Sachant que les personnes mariées, les couples en union libre et les familles monoparentales sont plus concentrés dans certains quartiers que d’autres, il serait intéressant d’étudier les choix résidentiels selon le statut conjugal. Par exemple, les chefs de famille monoparentale, ne pouvant compter sur le soutien de l’autre parent, sont-ils moins nombreux à s’installer dans les banlieues éloignées?


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