À propos de l'étude

Ce texte de vulgarisation résume l’étude de Christine Corbeil, de Francine Guernier et de Geneviève Gariépy, « Parents-étudiants de l’UQAM : Réalités, besoins et ressources », Montréal, IREF, 2011.

 

  • Faits saillants

  • Plus de la moitié des parent-étudiants occupent un emploi. On ne parle plus de conciliation études-famille, mais de conciliation études-famille-travail.
  • Plus d’un parent sur deux considère la situation de son ménage comme étant financièrement précaire ou très précaire.
  • Plus de la moitié des mères-étudiantes qui ont temporairement interrompu leurs études expliquent leur décision par les soins aux enfants contre seulement 14,5 % des pères-étudiants.
  • Seulement 7,1 % des parents interrogés considèrent que l’articulation études-famille-travail ne pose pas de problèmes.

La conciliation travail-famille est un enjeu de plus en plus étudié par les chercheurs universitaires. Mais qu’en est-il de la conciliation études-famille? Et plus encore, de la conciliation études-famille-travail? Un sujet peu étudié par les chercheurs jusqu’à maintenant.

Une équipe de quatre chercheuses du l’Institut de recherches et d’études féministes (IREF)  de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) s’est penchée sur cette nouvelle réalité familiale. En se basant sur un sondage effectué auprès de 732 parents-étudiants de l’UQAM, elles brossent un portrait de cette population, ainsi que de leurs perceptions de la conciliation études-famille-travail. Elles décrivent également les conditions de vie des parents-étudiants, de même que les ressources qu’ils doivent déployer pour arriver à composer avec ces différentes réalités.

Qui sont les parents-étudiants?

Trois fois plus de femmes que d’hommes ont participé à cette étude. Selon les chercheuses, il y aurait beaucoup plus de mères-étudiantes que de pères-étudiants au sein de la communauté universitaire. Autre différence majeure entre les sexes : la situation conjugale. En effet, plus de 90 % des pères-étudiants vivaient en couple au moment du sondage, contre seulement 24,5 % chez les mères-étudiantes.

Les femmes sont plus nombreuses au baccalauréat que les hommes, qui eux, sont plus présents aux cycles d’études supérieures. Le régime d’étude (temps plein ou temps partiel) est par contre relativement semblable entre les hommes et les femmes, et ce peu importe le niveau d’étude. Tout sexe confondu, quatre parents-étudiants sur dix (42.9 %) consacrent entre 16 et 36 heures par semaine au travail scolaire (cours, étude, travaux de session), et près du quart (22,4 %) des répondants travaillent plus de 36 heures par semaine.

Moins d’un parent-étudiant sur dix (7,3 %) qui a un enfant âgé de 5 ans et moins a accès aux services d’un centre de la petite enfance. Et près de la moitié des répondants et des répondantes disent n’avoir aucun réseau de soutien leur permettant de mieux concilier études, travail et obligations parentales.

Plus d’argent pour les pères, plus de tâches pour les mères

Parmi les 732 personnes ayant pris part au sondage, elles sont 412 à occuper un travail salarié en plus de leurs études. La présente recherche montre d’importantes différences entre les mères et les pères aux études, tant au niveau des heures consacrées au travail salarié, des revenus gagnés que de la distribution des tâches domestiques.

Graphique 1 : Temps consacré au travail salarié selon le sexe (n=412)

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En général, les femmes consacrent un peu moins d’heures au travail salarié que les hommes. Elles sont un peu plus nombreuses que les hommes à travailler entre 16 et 35 heures par semaine alors que les hommes sont plus nombreux à travailler plus de 35 heures par semaine. Cette différence se reflète sur le niveau de revenu.

Le graphique ci-dessous illustre les écarts de revenus gagnés par les mères-étudiantes et les pères-étudiants qui ont occupé un emploi d’été. La majorité des parents-étudiants gagnent moins de 5000 $ par année. Par contre, les femmes sont plus nombreuses dans cette tranche de revenu, alors que les hommes sont plus nombreux dans les tranches de revenus supérieurs.

Graphique 2 : Revenu issu d’un emploi d’été selon le sexe

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Graphique 3 : Interruption des études et division sexuelle du travail domestique : réalités féminines (n=282)

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Sur l’ensemble des participants et participantes à cette recherche, près de 300 parents interrompent leurs études, à un moment ou à un autre, au cours de leur parcours universitaire. Pour la majorité d’entre eux, cette interruption dure moins de quatre ans. Différents motifs sont invoqués : difficultés financières, problèmes personnels et de santé, manque de temps, voyages, etc.

Comme démontré dans le graphique ci-dessus, les motifs d’interruption des études varient de façon significative selon le sexe.  Chez les femmes, ce sont surtout les soins aux enfants qui sont en cause alors que, chez les hommes, ce sont surtout les occasions de travail. Seulement le quart des mères interrompent leurs études à cause d’une occasion de travail, alors cette proportion atteint presque le double (46,1 %) chez les pères. De même, seulement 14,5 % d’entre eux abandonnent l’université pour s’occuper des enfants, contre plus de la moitié (53,5 %) des femmes, une proportion trois fois plus élevée ! Même constat en ce qui a trait aux tâches domestiques : les femmes sont clairement désavantagées par rapport aux hommes et accomplissent encore et toujours l’essentiel de ce travail « invisible ».

Graphique 4: Proportion de parents qui affirment être entièrement responsables de certaines tâches domestiques, selon le sexe

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Étude, travail… et la famille, elle?

Concilier études, famille et travail est extrêmement exigeant, selon les parents-étudiants. Et le plus souvent, c’est la famille qui subit les contre coups de cette triple tâche. La majorité des mères et des pères considèrent que le temps consacré à leur famille est insuffisant ou très insuffisant.

Les chercheuses proposent quelques recommandations pour faciliter la conciliation études-famille, notamment la nécessité de modifier le programme de prêts et bourses en y intégrant différents accommodements pour les parents aux études. L’université devrait aussi prendre en compte la situation particulière des parents-étudiants et de ses impacts sur la performance scolaire et l’engagement social, ce qui tend à les désavantager lors des demandes de bourses d’excellence. Enfin, elles souhaitent qu’une sérieuse réflexion soit amorcée sur le développement d’une politique familiale universitaire officielle.