À propos de l'étude

Ce texte de vulgarisation résume l’article d’Anne-Sophie Gingras, Isabelle Lessard, Frédéric Mallette, Audrey Brassard, Audrey Bernier-Jarry, Patrick Gosselin et Catherine de Pierrepont, « Couple Adaptation to the Birth of a Child : The Roles of Attachment and Perfectionnism », publié en 2020 dans Journal of Marital and Family Therapy, vol. 47, n° 3, p. 581-594.

  • Faits saillants

  • Un style d’attachement sécurisant et un perfectionnisme adapté sont des facteurs qui facilitent l’adaptation à la venue d’un nouvel enfant, qu’il s’agisse ou non d’un premier bébé.
  • Les parents au style d’attachement insécurisant ont l’impression de ne pas pouvoir faire équipe avec leur partenaire, ce qui nuit à l’alliance parentale.
  • Les personnes qui font preuve de perfectionnisme adaptatif sont plus tolérantes et acceptent que l’autre parent ne fasse pas les choses comme elles. Résultat ? Des effets positifs sur le couple à l’arrivée d’un nouvel enfant.

Nouvelles responsabilités, tâches ménagères décuplées, manque de sommeil… S’adapter à la venue d’un nouvel enfant est un défi de taille pour les parents ! Qu’il s’agisse ou non d’un premier bébé, les parents doivent affronter de nombreux changements. Comment expliquer que certains couples s’adaptent mieux que d’autres ? Leur manière de se percevoir eux-mêmes et les autres (style d’attachement) et leur niveau de perfectionnisme pourraient faire partie de la réponse. 

C’est ce que révèle une étude menée par des chercheurs du département de psychologie de l’Université de Sherbrooke et du département de sexologie de l’Université du Québec à Montréal. L’objectif ? Mieux comprendre le rôle de l’attachement et du perfectionnisme sur l’adaptation des couples à la naissance d’un enfant. À l’aide de questionnaires en ligne, ils et elles évaluent la satisfaction conjugale, le degré auquel les parents forment une équipe avec leur partenaire (alliance parentale), le style d’attachement et le perfectionnisme de 80 couples hétérosexuels âgés de 20 à 44 ans ayant au moins un enfant âgé de 6 à 24 mois.

Troubles de l’attachement et parentalité ne font pas bon ménage

S’adapter à la venue d’un nouvel enfant : un défi qui peut être facilité par un style d’attachement sécurisant. De quoi s’agit-il ? C’est une manière de se percevoir soi-même et les autres, qui demeure stable au cours de la vie, et qui se fonde sur la qualité des interactions avec les parents durant l’enfance. Par exemple, les personnes ayant reçu des soins de façon constante auront tendance à développer un style d’attachement sécurisant. Elles ont donc une vision positive d’elles-mêmes et des autres et se sentent à l’aise de partager leur intimité. Une fois devenues parents, elles sont plus susceptibles de former une équipe solide avec leur partenaire et d’être satisfaites sur le plan conjugal. En revanche, celles ayant grandi avec des parents moins disponibles peuvent développer un style d’attachement insécurisant, caractérisé soit par la peur d’être abandonnées (attachement anxieux) ou l’évitement de l’intimité (attachement évitant).

Les personnes ayant un style d’attachement anxieux sont généralement plus sensibles à la critique de la part de leur partenaire, ont des attentes irréalistes envers elles-mêmes et craignent d’être rejetées… Autant dire un cocktail nocif pour l’alliance parentale ! De leur côté, les personnes qui ont un style d’attachement évitant ont une vision négative des autres, qu’elles perçoivent comme étant peu fiables ou peu disponibles. Elles ont aussi tendance à se retirer des conflits et à accorder peu d’importance aux moments d’intimité. Autant de facteurs qui, à nouveau, nuisent à l’alliance parentale et à la satisfaction du couple ! 

Quand le mieux devient l’ennemi du bien

Être perfectionniste : un avantage ou un inconvénient pour s’adapter à un nouveau bébé ? Ça dépend ! Les chercheurs distinguent deux types de perfectionnisme : adaptatif et inadapté. Les personnes qui font preuve de perfectionnisme adaptatif ont un désir de bien faire les choses, se fixent de grands objectifs, et sont satisfaites lorsqu’elles les atteignent. Ce sont donc des parents qui se préoccupent des soins qu’ils donnent à leur enfant, qui se montrent tolérants et qui acceptent que leur partenaire fasse les choses différemment. Une telle harmonie a bien entendu des effets positifs sur la relation de couple. À l’inverse, un manque de perfectionnisme chez l’autre parent peut être interprété comme un manque de constance, voire comme de la négligence.

Gare à l’envers de la médaille ! Se fixer des buts irréalistes et avoir l’impression de ne jamais en faire assez sont des signes d’un perfectionnisme inadapté. Les parents concernés sont plus rigides, ont la critique facile envers eux-mêmes et laissent peu de place à l’erreur. Comme ils s’attendent à ce que l’autre parent fasse tout à leur manière, ils finissent par prendre toutes les responsabilités sur leurs épaules. Résultat : des parents épuisés et une satisfaction conjugale malmenée. 

Apprendre à être parent, un pas à la fois

La parentalité, ce n’est pas inné ! Faire confiance à son partenaire et avoir des exigences réalistes : voilà des facteurs qui adoucissent l’adaptation à la venue d’un bébé. Que faire pour aider les parents à traverser un tel changement ? L’équipe souligne l’importance, pour les intervenants et intervenantes, de leur apprendre à distinguer le perfectionnisme adaptatif du perfectionnisme inadapté, afin qu’ils se fixent des buts réalisables et se laissent le droit à l’erreur. 

Pour soutenir les parents et favoriser leur satisfaction conjugale et familiale, l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) a publié le guide Mieux vivre avec notre enfant de la grossesse à deux ans. Le chapitre « Devenir parent : programmes et services gouvernementaux » contient de l’information sur les programmes et services offerts aux parents et aux futurs parents. Un outil efficace pour combattre l’anxiété et mieux s’ajuster à la parentalité !