À propos de l'étude

Ce texte de vulgarisation résume l’article de Kristel Mayrand, Stéphane Sabourin, Claudia Savard et David Litalien, « Stratégies de gestion de conflits et qualité de la relation conjugale », publié en 2020 dans la Revue québécoise de psychologie, vol. 41, n° 3.

  • Faits saillants

  • Sur le plan conjugal, plus un des partenaires utilise des stratégies de gestion des conflits positives, comme l’écoute et les compromis, plus le couple est satisfait.
  • Dans la gestion des conflits au sein des couples, utiliser des stratégies positives renforce la satisfaction conjugale.
  • Les personnes en couple qui utilisent fréquemment des stratégies de gestion des conflits négatives (ex. : évitement, critique, mépris) sont moins satisfaites dans leur propre relation et ont davantage tendance à envisager une rupture.

Une fois la lune de miel passée, tous les couples connaissent un jour ou l’autre des conflits. Stress au travail, problèmes financiers, fatigue, éducation des enfants : tous ces éléments — et bien d’autres ! — sont source de frictions entre conjoints. Comment la gestion des conflits influence-t-elle le bien-être des partenaires et la longévité du couple ? Sans surprise, la communication et les compromis sont bien plus efficaces que la critique et le mépris !

C’est ce que constatent Kristel Mayrand, Stéphane Sabourin, Claudia Savard et David Litalien, chercheurs et chercheuses en psychologie à l’Université Laval, dans une étude examinant le lien entre les stratégies de gestion des conflits et la qualité de la relation conjugale. Pour ce faire, l’équipe demande à 104 couples hétérosexuels dont les partenaires sont âgés de 20 à 60 ans de remplir quatre questionnaires en ligne de manière individuelle. Les personnes participantes sont en couple depuis six ans en moyenne et cohabitent depuis plus d’un an. L’équipe se penche plus précisément sur deux sphères de la relation amoureuse : la satisfaction conjugale et la stabilité relationnelle. 

Écoute et compromis riment avec couple épanoui

Prendre en compte le point de vue de l’autre, reconnaître sa part de responsabilité et proposer des compromis : autant de tactiques qui permettent de trouver des solutions équitables à un différend ! Plus un des partenaires[1] utilise ce que l’on appelle des stratégies de gestion des conflits positives lors de discussions conflictuelles, plus les deux membres du couple seront satisfaits dans leur relation. Faire preuve d’empathie vis-à-vis de l’autre réduit aussi les risques de critiques mutuelles et une dégradation de la situation.

Fait intéressant : si les stratégies positives renforcent la satisfaction conjugale, elles ne semblent pas avoir d’effet sur la stabilité de la relation. L’hypothèse de l’équipe de recherche ? Ce sont davantage les stratégies de gestion des conflits négatives qui auraient de l’impact sur ce plan.  

Évitement et mépris : la bête noire du bonheur conjugal

Évitement, critique et mépris ne font pas bon ménage avec la résolution des conflits ! Bien évidemment, les personnes qui critiquent leur partenaire, qui l’insultent et qui évitent la discussion ont plus de chances que leur douce moitié adopte une attitude dite défensive. La conséquence ? Une impasse dans la recherche de solutions. Et sans surprise : plus une personne utilise ce type de stratégies, moins celle-ci a l’impression d’être entendue, moins elle se sent satisfaite dans sa relation et plus elle envisage la rupture. En revanche, l’usage de telles stratégies ne semble pas avoir d’effet significatif sur la satisfaction conjugale et la stabilité relationnelle. Autrement dit, éviter la discussion, critiquer ou mépriser n’aurait pas d’effet sur le bien-être conjugal du partenaire. Comme le soulignent les chercheurs et chercheures, les couples de cette étude utilisent peu de stratégies de gestion des conflits négatives, ce qui pourrait expliquer pourquoi ces dernières n’ont pas d’effet sur l’autre partenaire.

Aider les couples à (re)voir la vie en rose

Les chicanes de couple ne sont pas néfastes en soi : c’est plutôt la manière de les résoudre qui l’est. Les couples qui utilisent des stratégies positives sont plus satisfaits de leur relation, alors que les personnes qui ont plus souvent recours à l’évitement et à la critique sont moins heureuses sur le plan conjugal. Avantage s’il en est : ces stratégies ne semblent pas avoir d’effet sur leur partenaire. Pour mieux comprendre le rôle des stratégies de gestion des conflits négatives, il serait pertinent d’examiner leur effet chez les couples qui vivent une détresse significative, et qui seraient donc plus à risque d’y recourir. 

Pour aider les couples en difficulté, le Centre de recherche interdisciplinaire sur les problèmes conjugaux et les agressions sexuelles (CRIPCAS) publie des infographies qui abordent la détresse conjugale et les problèmes conjugaux. Par ailleurs, comme le soulignent les auteurs et autrices, la thérapie conjugale peut aider les couples à gérer leurs différends de manière constructive, notamment en leur apprenant à considérer le point de vue de l’autre, à proposer des compromis et à formuler une réponse positive plutôt que de recourir à la critique.


[1] Les liens entre les stratégies de gestion des conflits, la satisfaction conjugale et la stabilité relationnelle ne diffèrent pas significativement entre les femmes et les hommes. Le terme « partenaire » désigne donc les femmes et les hommes de manière interchangeable.