Devenir parent est l’une des plus belles expériences que peuvent vivre les couples… mais aussi l’une des plus déstabilisantes! Nouvelles responsabilités, nuits écourtées, partage des soins et des tâches sont susceptibles de les rendre à fleur de peau. Si la transition à la parentalité est une période particulièrement délicate pour le couple, les styles d’attachement amoureux et d’engagement conjugal sont à même de corser ou, à l’inverse, adoucir cette période charnière.
Ce sont les constats tirés d’une étude menée par une équipe de cinq chercheuses en psychologie de l’Université de Sherbrooke, de l’Université d’Ottawa et de l’Université de Montréal. Les chercheuses donnent la parole à 93 couples hétérosexuels qui attendent leur premier enfant afin de comprendre la manière dont les styles d’attachement amoureux et d’engagement conjugal influencent la transition à la parentalité. Les personnes participantes ont répondu à un questionnaire en ligne de manière individuelle à deux reprises, soit au deuxième trimestre de la grossesse et quatre mois après la naissance.
Quand l’évitement mène au désengagement
Qui dit insécurités dit engagement ébranlé? Selon les résultats de cette étude, tout porte à croire que oui. Les personnes qui présentent un style d’attachement évitant au cours de la grossesse sont généralement moins engagées dans leur relation une fois bébé arrivé, tant chez les mères que chez les pères.
La transition à la parentalité peut être une période particulièrement anxiogène, soulignent les chercheuses. Ce stress est alors susceptible d’amplifier les conséquences négatives de l’attachement évitant. Les personnes évitantes sont portées à croire que leur relation est au bord du gouffre, car elles se sentent moins satisfaites sur le plan conjugal et seules dans leur nouveau rôle. Cela se traduit notamment par davantage de difficulté à demander de l’aide, une tendance à se retirer des conflits et un investissement moindre dans leur relation… bref, un cocktail plutôt explosif pour le couple!
L’attachement anxieux et ses bienfaits insoupçonnés
Les insécurités d’attachement, ennemies de l’engagement conjugal? Pas toujours! Dans certains cas, l’attachement anxieux peut être bénéfique pour le couple. En effet, les chercheuses ont découvert que les femmes dont le partenaire présente ce style d’attachement sont elles-mêmes plus engagées dans leur relation après la naissance.
L’explication? Ces pères auraient tendance à être plus présents pour leur partenaire, notamment parce qu’ils craignent le rejet et tentent de se rapprocher d’elle durant cette période anxiogène. Ils s’impliquent donc davantage dans leur relation, par exemple en prenant en charge les tâches ménagères et en assistant aux rendez-vous prénataux. Pour les mères, ces petits gestes de soutien font toute la différence, puisqu’ils leur permettent d’investir plus de temps et d’énergie dans leur relation.
L’engagement pour contrer l’évitement
Le style d’attachement influence l’engagement conjugal, mais l’inverse est aussi vrai! En effet, les personnes qui présentent un engagement optimal durant la période prénatale ont moins tendance à présenter un style d’attachement évitant lorsque bébé s’ajoute à l’équation. Selon les chercheuses, il est possible que l’énergie et les efforts fournis par l’autre parent induisent un sentiment de sécurité et de proximité durant les moments stressants qui ponctuent ce nouveau chapitre de leur vie. En retour, le sentiment de pouvoir compter sur l’autre partenaire pourrait réduire l’attachement évitant.
Qui dit papa surengagé, dit insécurité?
Trop d’engagement, c’est comme pas assez! Les chercheuses constatent que les pères surengagés dans leur relation semblent présenter plus d’insécurités d’attachement après la naissance. Une explication possible? Ils se sentent déçus, car ils ont l’impression que leur conjointe n’investit pas autant de temps et d’énergie dans la relation qu’eux, ce qui est encore plus vrai après l’arrivée de bébé. Comme les moments suivant la naissance sont ponctués de nouvelles responsabilités, tout particulièrement pour les mères, les pères surengagés peuvent avoir l’impression d’être négligés et s’inquiéter de l’avenir de leur couple. Pour tenter de se protéger, certains se distancent de leur partenaire, ce qui, en retour, exacerbe leur attachement évitant. Un véritable cercle vicieux!
Prendre soin de la santé mentale des nouveaux parents
Ce n’est un secret pour personne : il n’existe pas de mode d’emploi pour devenir parent. Dans la mesure où la venue d’un enfant peut aussi bien être synonyme de grandes joies que de grands bouleversements, les nouveaux parents peuvent avoir besoin d’un coup de pouce pour bien naviguer au travers de cette transition, d’autant plus lorsqu’ils font face à des enjeux relationnels avant la naissance de leur premier enfant.
La Journée sur la santé mentale des nouveaux parents, qui s’est tenue en février 2023 sous le thème Prendre soin plutôt que soigner, avait pour objectif de trouver des solutions afin de les aider à faire face aux difficultés qui peuvent apparaître en contexte de périnatalité. Les conférences, disponibles en ligne, ont permis de rassembler des intervenantes et intervenants du réseau de la santé et des services sociaux et des organismes du domaine de la périnatalité, afin de déployer des mesures concrètes pour répondre aux besoins des nouveaux parents.