À propos de l'étude

Ce texte de vulgarisation résume l’étude de Danielle Leclerc : « Les stratégies d’adaptation, le soutien des pairs et l’attachement aux parents chez des élèves qui subissent de l’intimidation à l’école : une approche longitudinale », publiée en 2015 dans Les violences en milieu scolaire : définir, prévenir et réagir, sous la direction de Claire Beaumont, Benoît Galand et Sonia Lucia, Québec, Presses de l’Université Laval, p. 69-87.

  • Faits saillants

  • Les élèves qui subissent de l’intimidation à l’école perçoivent généralement moins de soutien de la part de leurs amis et se sentent moins proches de leurs parents.
  • Ils ont aussi tendance à adopter des modes de pensée et des comportements qui ne leur permettent pas d’affronter efficacement les situations de stress.
  • Certains modes de pensée et comportements peuvent les aider à diminuer les effets négatifs du stress et à échapper à l’intimidation.

Que ce soit dans le rôle du témoin, de la victime ou de l’agresseur, nous avons presque tous été confrontés, à un degré ou à un autre, à une situation d’intimidation. L’intimidation désigne les actes agressifs à l’égard d’une personne ou d’un groupe de personnes, qui sont accomplis de manière répétée par une ou des personnes en position de force. Il y a intimidation lorsqu’une personne blesse ou opprime plusieurs fois une autre personne, en répandant sur elle de fausses rumeurs, en l’insultant ou vandalisant ses biens, par exemple.

Cette recherche vise à comprendre quelles sont les stratégies d’adaptation, le soutien perçu de la part des amis et la relation avec leurs parents des élèves qui font l’expérience de l’intimidation à l’école.

La chercheure a utilisé les résultats d’une étude longitudinale menée sur trois ans auprès d’élèves du secondaire du Québec. L’analyse porte toutefois sur les deux premières années de l’étude, auxquelles avaient participé 950 élèves âgés entre 12 ans et 14 ans. Pour l’analyse, les élèves ont été séparés selon leur expérience d’intimidation : ceux qui n’en avaient jamais été victimes, ceux qui l’avaient été lors de la première année et avaient cessé de l’être lors de la deuxième, ceux qui avaient vécu la situation inverse et ceux qui étaient demeurés victimes durant les deux années.

Travailler fort pour réussir

Face à l’intimidation, les élèves mobilisent différentes stratégies d’adaptation. Les stratégies d’adaptation sont les modes de pensée et les comportements qu’une personne adopte en situation de stress. Certaines stratégies sont considérées comme efficaces (c’est-à-dire qu’elles contribuent à diminuer les effets négatifs du stress) et d’autres non. « Travailler fort pour réussir », « se centrer sur le positif » et « faire de l’activité physique » sont des exemples de stratégies efficaces, tandis que « ne rien faire », « s’accuser ou se blâmer » et « faire baisser la tension » sont des exemples de stratégies inefficaces.

Globalement, la chercheure observe que les élèves qui subissent de l’intimidation utilisent, dans la majorité des cas, des stratégies d’adaptation moins efficaces que ceux qui n’en souffrent pas. De plus, ils ressentent habituellement moins de soutien de la part de leurs amis et se sentent moins proches de leurs parents.

En comparant les deux années de l’étude, la chercheure constate que les élèves qui ont cessé d’être des victimes ont eu tendance à percevoir, au fil du temps, un plus grand soutien de la part de leurs amis et à privilégier la stratégie « travailler fort pour réussir ».

Ceux qui, au contraire, sont devenus des victimes n’ont pour la plupart pas eu l’impression que leurs amis les soutenaient différemment d’une année à l’autre, mais ont commencé à employer plus souvent des stratégies inefficaces.

Enfin, règle générale, ceux qui sont demeurés des victimes ont trouvé que leurs amis les soutenaient davantage avec le temps qui passe, mais cette perception est restée faible relativement aux autres élèves. Chez eux aussi, l’utilisation de stratégies inefficaces a augmenté au cours de la deuxième année.

Changer de stratégies

La chercheure souligne l’importance d’entretenir des relations amicales et familiales de qualité pour combattre l’intimidation. Elle évoque également la pertinence de programmes d’intervention permettant aux victimes de développer des stratégies d’adaptation plus efficaces. En cette ère des technologies et des réseaux sociaux, l’intimidation prend des formes diverses et insidieuses. Ainsi, comprendre ses tenants et ses aboutissants permettrait de mieux la prévenir.