Au Québec, ce sont 17 % des garçons et 10 % des filles qui désertent les bancs d’école avant l’obtention d’un diplôme d’études secondaires. Le taux de décrochage est encore plus important chez les élèves rencontrant des difficultés scolaires : 28 % d’entre eux finissent par abandonner les études[1]. Quel rôle pour les parents dans cette lutte au décrochage ? Ils peuvent les guider vers le droit chemin, que ce soit en les aidant avec leurs devoirs ou en les encourageant à développer leur autonomie.
C’est ce que constatent Joëlle Duval et Catherine Dumoulin, professeures au département des sciences de l’éducation à l’Université du Québec à Chicoutimi et Serge J. Larivée, professeur au département de psychopédagogie et d’andragogie de l’Université de Montréal. Les chercheurs interrogent 11 parents et leurs enfants de 1re secondaire à risque de décrochage scolaire[2]. L’objectif ? Comprendre dans quelle mesure le soutien parental favorise l’engagement et la réussite scolaire de l’enfant.
L’aide aux devoirs : plus qu’un soutien, un engagement apprécié
Aider son enfant à faire ses devoirs : une habitude qui ne cesse pas une fois le secondaire entamé ! Plus de la moitié des jeunes interrogés rapportent que leurs parents les aident pour leurs travaux ou pour étudier, un coup de pouce qu’ils apprécient à sa juste valeur. Ce soutien personnalisé leur permet de regagner confiance en eux et en leurs capacités.
« Quand je la force [à faire ses devoirs avec moi], je vois des changements dans son engagement. Les notes augmentent ! [Lorsqu’elle était] au primaire, j’essayais de la forcer, mais elle ne s’impliquait pas. J’ai appris que, même si je mets des efforts, si elle ne met pas sa volonté, ça ne donne rien ! » (Un parent)
Les jeunes n’hésitent pas à demander à leurs parents lorsqu’ils ne comprennent pas une notion… Mais encore faut-il que ces derniers soient en mesure de répondre à leurs questions ! Dans certains cas, les parents ne comprennent pas les devoirs ou n’ont pas les connaissances nécessaires pour les aider.
« Papa et maman, ils ont beau vouloir m’aider, mais… ça fait longtemps qu’ils n’ont pas été à l’école. [Comme ils ne peuvent pas beaucoup m’aider], des fois, je ne réponds pas aux questions et je les laisse comme ça même si ça me fait un peu de peine parce que je me dis que je ne suis pas bonne parce que je les laisse comme ça. » (Une adolescente)
Accompagner et responsabiliser pour une transition en beauté !
Le rôle des parents ne s’arrête pas à l’aide aux devoirs ! Accompagner son enfant pour prendre des décisions importantes, le responsabiliser et préparer sa transition du primaire au secondaire : autant de stratégies employées pour favoriser son autonomie.
Pour la majorité des participants, les décisions importantes concernant le jeune (ex. : choix d’un programme d’études ou d’activités parascolaires) relèvent d’un commun accord. Comment le guider vers des choix éclairés ? En discutant avec lui et en lui faisant prendre conscience des conséquences de ses décisions, soulignent les parents. Plusieurs d’entre eux ajoutent qu’ils responsabilisent leur enfant en lui rappelant que rien n’arrive en criant « ciseaux » : il doit s’impliquer pour réussir, assumer ses choix jusqu’au bout et être bien organisé.
« Plus on s’implique, plus il s’implique ! On lui fait un horaire sur le frigo, on lui montre où sont [rangées] ses feuilles. On l’organise pour le rendre autonome parce qu’il faut l’organiser ! […] J’essaie de lui montrer des façons de faire. » (Un parent)
Dernière astuce et non la moindre : visiter la nouvelle école avec leur ado avant la rentrée scolaire. Rien de tel pour bien préparer la transition du primaire au secondaire et atténuer les inquiétudes qui y sont reliées.
Un coup de pouce pour les ados… et les parents !
L’entrée au secondaire est une étape cruciale pour les jeunes, particulièrement ceux à risque de décrochage scolaire. Que ce soit en les aidant à réaliser leurs travaux ou en les encourageant à développer leur autonomie, les parents ont un rôle clé à jouer. Comment mieux les soutenir ? D’après la chercheuse principale de cette étude, une formation sur la prévention du décrochage scolaire à leur intention, sous la forme de groupes de discussion ou d’ateliers, pourrait leur permettre de mieux faire face aux difficultés qui peuvent jalonner le parcours de leur enfant. Reconnaître ses forces et ses difficultés est également crucial pour des interventions constructives et positives.
Comme le soulignent les auteurs, la majorité des parents de cette étude ont un diplôme universitaire et vivent dans un milieu dit aisé, ce qui pourrait expliquer pourquoi ils sont si impliqués auprès de leur adolescent. Mener une étude semblable auprès de parents moins favorisés pourrait permettre de comprendre comment s’articule l’implication parentale selon le milieu dans lequel évoluent les familles.
[1] Selon les données compilées par le ministère de l’Éducation en 2018.
[2] Les adolescents sont susceptibles de décrocher en raison de leurs faibles résultats scolaires (inférieurs à 70 % en français ou en mathématiques en 1re secondaire).