À propos de l'étude

Cet article de vulgarisation résume l’article de Marie-Hélène Letourneau-Picard, François Sallafranque St-Louis et Isabelle Green-Demers, « Le soutien social, la détresse psychologique, le bien-être et le fonctionnement scolaire de jeunes lesbiennes, gais et bisexuels (LGB) québécois », publié en 2016, dans Revue québécoise de psychologie, vol. 37, no 1, p. 203-224.

  • Faits saillants

  • Le bien-être des jeunes LGBT passe principalement par le soutien familial.
  • Plus ces jeunes sont soutenus par leur famille, moins ils sont à risque de souffrir de symptômes anxieux et de dépression, ou de craindre les actes homophobes.
  • Le personnel enseignant joue lui aussi un rôle clé : son soutien est associé à la prévention de violences homophobes, à un moindre risque d’isolement, et favorise une plus grande motivation scolaire.

L’adolescence est une période de découverte de soi parfois remplie de confusion. Ce passage est encore plus tumultueux pour les jeunes qui font partie des minorités sexuelles comme les lesbiennes, gais, bisexuels et transgenres (LGBT). Comparativement à leurs pairs hétérosexuels, ils sont plus à risque d’éprouver des problèmes psychologiques, à avoir de la difficulté à accepter leur orientation, ou à voir leur fonctionnement scolaire bousculé. Comment renverser cette tendance? Tout commence à la maison, dans le nid familial.

C’est ce qui ressort d’une récente étude exploratoire menée par trois psychologues de l’Université du Québec en Outaouais (UQO) auprès de 29 jeunes LGBT[1] de cette région. À partir des résultats d’un questionnaire, les chercheurs examinent le lien qui existe entre le soutien des parents, des amis ou des enseignants, et la détresse, le bien-être, l’acceptation de soi et le fonctionnement scolaire des jeunes LGBT. Leur constat : le soutien familial est à la base de leur bien-être. Sans ce soutien, le risque que ces jeunes vivent de la détresse psychologique augmente. À l’école, c’est le personnel enseignant qui prend le relais.

Bien-être et détresse psychologique

Qu’entend-on au juste par soutien? C’est bien simple : des interactions positives, une acceptation de l’identité du jeune, et un lien de confiance solide. Le bien-être psychologique fait référence au fait que les jeunes vivent des émotions positives et éprouvent une joie de vivre, mais aussi qu’ils ont une bonne estime d’eux-mêmes. À l’inverse, la détresse psychologique se manifeste par de la confusion quant à leur orientation, de l’anxiété, des symptômes dépressifs, des tendances suicidaires et de l’inquiétude face à la violence homophobe.

La famille : pilier du soutien des jeunes LGBT

Le sentiment de bien-être des jeunes prend racine à la maison. Selon les auteures, plus le soutien familial est élevé, plus ces jeunes acceptent facilement leur orientation sexuelle et moins ils ont besoin de l’approbation des autres, dans la vie de tous les jours. Ils manifestent plus d’émotions positives au quotidien et semblent plus nombreux à éprouver de la joie de vivre.

À l’inverse, les chercheures de l’UQO constatent que le manque de soutien familial a des effets néfastes sur ces jeunes. Ils vivent plus difficilement leur orientation et ont tendance à ne pas l’accepter (homophobie internalisée). Il s’agit là d’une pente glissante, puisque les données montrent aussi que la difficulté à accepter son orientation sexuelle augmente les risques d’éprouver des troubles d’anxiété, des symptômes liés à la dépression, voire de développer des idées suicidaires.

À l’école, l’impact du soutien du corps enseignant

Les jeunes issus des minorités sexuelles doivent aussi pouvoir compter sur le soutien du personnel enseignant, qui peut notamment se manifester par une intervention en cas d’intimidation de la part des pairs (abus physiques ou verbaux). Lorsqu’ils se sentent soutenus par les enseignants et enseignantes, ces jeunes sont donc moins inquiets face à la violence homophobe à l’école et ont moins tendance à s’isoler, à vivre de l’exclusion. Ce soutien influence aussi positivement le parcours scolaire. Les jeunes LGBT sont plus motivés à aller à l’école, se montrent plus attentifs en classe, et sont donc moins susceptibles de décrocher.

Et les amis dans tout ça?

Le soutien de la cellule familiale et du corps enseignant est aux premières loges du bien-être des jeunes lesbiennes, gais et bisexuelles. Ils y trouvent une meilleure estime d’eux-mêmes, acceptent plus facilement leur orientation sexuelle, et sont plus motivés dans leur parcours scolaire. Mais qu’en est-il du soutien des amis?

L’adolescence est souvent décrite comme une période où la place des parents tend à s’effacer au profit des celle des pairs. C’est pourquoi les trois auteures avaient aussi comme ambition de départ de cerner l’impact du soutien provenant des amis. Contre toute attente, l’influence du soutien des amis s’est révélée beaucoup moins significative que celle des parents. Mais ce résultat, selon les chercheures, serait plutôt associé à la petite taille de la population étudiée. Tous les jeunes qui ont participé à cette étude mentionnent que les amis sont une grande source de soutien. Impossible, donc, de mesurer l’effet du manque de soutien des amis. Les chercheurs soulignent donc l’intérêt, dans de futures études, d’évaluer l’impact du soutien des amis « auprès d’échantillons où cette variable fluctue davantage ».

 

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[1] Les auteures décrivent les personnes qui ont pris part à l’étude comme étant « 12 garçons, 15 filles, un transgenre et un participant qui n’a pas dévoilé son sexe biologique. Sur le plan de l’orientation sexuelle, il y avait 8 personnes lesbiennes, 11 gais, 8 bisexuel(le)s (1 garçon et 7 filles) et 2 données manquantes. »