À propos de l'étude

Ce texte de vulgarisation résume l’article de la Direction de la recherche, de l’évaluation et de la statistique de la Direction générale des politiques du Ministère de la Famille du Québec, « Un, deux, trois enfants? Bientôt, plus tard, jamais? Les désirs et projets d’enfants des Québécoises », publié en 2017, dans Quelle famille ?, vol. 5, no. 3.

  • Faits saillants

  • Une grande majorité des Québécoises âgées de 15 à 24 ans ont l’intention d’avoir au moins un enfant au cours de leur vie, mais ce désir décline avec l’âge.
  • Une femme en couple, qui n’habite plus le domicile parental et qui occupe un emploi a l’intention d’avoir un enfant dans un délai plus court qu’une femme qui ne remplit pas ces conditions matérielles.
  • De manière générale, les Québécoises entre 15 et 49 ans désirent avoir deux enfants.

Vieillissement de la population, recul du nombre de naissances, baby-boom ou croissance de la population… tant de termes pour décrire les tendances démographiques du Québec. Hausse du nombre de naissances pour une décennie : chute pour la suivante. Qu’en est-il, toutefois, des désirs, des aspirations et des intentions d’avoir des enfants chez les Québécoises? Elles veulent plus d’un enfant, mais ce désir décline avec l’âge.

C’est la question à laquelle tente de répondre le ministère de la Famille du Québec dans son bulletin trimestriel sur les familles. La réponse s’appuie sur un sous-échantillon de l’Enquête sociale générale sur la famille de Statistique Canada (2011), qui comprend 1000 Québécoises âgées de 15 à 49 ans. La recherche distingue le « désir d’enfant », c’est-à-dire l’intention plus ou moins explicite d’avoir des enfants dans sa vie, du « projet d’enfant », qui est l’intention de concrétiser ce désir à court (moins de 3 ans), moyen (3 ans ou plus) et long terme (peut-être ou ne sait pas).

Le désir d’enfant ? Oui, mais à certaines conditions

Être en couple, avoir quitté le nid familial et occuper un emploi : voici plusieurs facteurs qui favorisent un projet d’enfant.

À condition d’être en couple

Pas d’enfant sans conjoint ou conjointe! Voilà ce qu’exprime une majorité de Québécoises. Celles qui ont un projet d’enfant à court terme (1 à 3 ans) sont plus nombreuses à vivre en couple que celles qui ne le souhaitent pas. Effectivement, les Québécoises qui n’ont pas de projet d’enfant sont quatre fois plus nombreuses à être seules (45%) que celles qui envisagent d’avoir un enfant à court terme (10%).

D’avoir son propre nid

Les femmes qui ont leur propre domicile ont un désir d’enfant plus ferme. Une très faible proportion de Québécoises qui ont un projet d’enfant à court terme résident au domicile parental (4%). De plus, celles qui vivent chez leurs parents sont beaucoup plus nombreuses à ne pas vouloir d’enfant à court terme (24%).

Et d’être sur le marché du travail

En grande majorité, les Québécoises qui ont un projet d’enfant à court terme, soit dans un délai de moins de trois ans, occupent un emploi. Les trois quarts sont sur le marché du travail (75%). En revanche, parmi les femmes n’ayant pas exprimé ce projet, 60% sont en emploi, 26% aux études et 15% ni en emploi ni aux études.

Les jeunes Québécoises désirent être mères… éventuellement

Plus elles vieillissent, moins les Québécoises veulent des enfants. En effet, entre 15 et 24 ans, 98% des jeunes femmes disent vouloir au moins un enfant au cours de leur vie. Après 40 ans, moins de 5% des femmes sans enfant entretiennent toujours ce projet. Chez celles qui ont déjà des enfants, la quarantaine marque le même constat : environ 2% des femmes désirent en avoir d’autres. Pourquoi cette baisse avec l’âge? Des obstacles empêcheraient les femmes de concrétiser leur désir naturel d’enfant, selon le ministère. Les difficultés qu’implique une naissance, jumelées au manque de support et de services sociaux, mènent certaines femmes à se raviser.

« Les intentions de fécondité tendent à se réduire au fur et à mesure que les jeunes sont confrontés avec la réalité et les responsabilités que représente le fait d’avoir un enfant. Cet ajustement des intentions face aux contraintes réelles est un processus normal. Mais il témoigne en même temps, selon Lapierre-Adamcyk et Lussier (2003), de l’existence de difficultés qui relèvent sans doute en partie de la façon dont la société soutient, ou plutôt ne soutient pas, les aspirations familiales des jeunes. »

Les jeunes Québécoises veulent donc des enfants? Au premier regard, oui, mais cette intention demeure floue. Seule une jeune Québécoise sur sept formule un projet à court terme, soit d’ici trois ans. Pour l’instant, elles s’investissent peut-être dans leurs études, leur emploi ou dans leur relation de couple, souligne l’étude. Le projet d’enfant devient plus concret chez les femmes plus âgées. De fait, chez les 25-34 ans, environ quatre Québécoises sur dix veulent un enfant dans un délai de trois ans.

Pas un, mais deux ou trois enfants souhaités

Un enfant unique? Non merci! Le souhait d’enfant unique est rare : seule une Québécoise sur dix, tous âges confondus, ne veut qu’un enfant (11%), alors que près d’une sur deux rapporte en vouloir deux (48%) et qu’une sur trois en désire trois ou plus (32%). Rien de surprenant : les plus jeunes veulent un nombre d’enfants moyen plus élevé que les plus âgées. Un peu plus de quatre Québécoises sur dix âgées de 15 à 24 ans désirent avoir trois enfants ou plus, comparativement à une femme sur cinq âgée de 40 ans et plus.

Être femme à part entière, sans être mère

Alors, les femmes québécoises veulent-elles des enfants? Si toutes les conditions matérielles et financières sont remplies, les jeunes femmes désirent majoritairement être mères.

Néanmoins, l’enquête n’interroge pas la nature du « désir » de maternité lui-même. Pourquoi les femmes désirent être mères? Et à l’inverse, pourquoi des femmes ne désirent pas d’enfants?

Le ministère n’étudie pas l’influence du modèle de la mère de famille sur les aspirations familiales des femmes. Le désir d’enfant n’est pourtant pas une affaire de motivation purement individuelle ou matérielle. La maternité est toujours fortement valorisée pour les femmes. Une preuve? L’infécondité volontaire, ou le désir de ne pas avoir d’enfant, est toujours mal comprise et acceptée. Le désir d’enfant, en revanche, est perçu comme naturel et normal. De ce fait, les femmes qui font le choix de ne pas être mères estiment être soumises à une pression sociale qui les oblige à se justifier. À plus grande échelle, la menace politique au droit à l’avortement, ainsi que les politiques familiales encourageant les naissances, sont d’autres enjeux montrant que le désir d’avoir des enfants, ou non, ne peut être envisagé comme étant uniquement personnel.