À propos de l'étude

Ce texte de vulgarisation résume l’étude de Carolyn Côté-Lussier, Tracie A. Barnett, Yan Kestens, Mai Thanh Tu et Louise Séguin : « The Role of the Residential Neighborhood in Linking Youths’ Family Poverty Trajectory to Decreased Feelings of Safety at School », publiée en 2015 dans le Journal of Youth and Adolescence, vol. 44, n° 6, p. 1194-1207.

  • Faits saillants

  • Les adolescents en situation de pauvreté ont tendance à ne pas se sentir en sécurité à l’école.
  • Ce sentiment est lié à la perception négative qu’ont leurs parents de leur quartier de résidence (désordonné, chaotique, etc.).
  • L’abondance de déchets, le manque d’espaces verts et la délinquance dans le quartier contribuent à cette perception.

Les adolescents en situation de pauvreté ont tendance à ne pas se sentir en sécurité à l’école, ce qui peut avoir des impacts négatifs sur leurs résultats scolaires, leur bien-être et leur santé mentale. Ce sentiment d’insécurité peut découler d’expériences négatives à l’école, comme l’intimidation et le taxage, mais des recherches indiquent qu’il peut aussi être favorisé par les caractéristiques du quartier de résidence.

Cette étude vise à approfondir les connaissances par rapport à l’influence du quartier de résidence sur le sentiment de sécurité à l’école des adolescents qui ont connu la pauvreté à un moment ou à un autre de leur vie.

Les chercheurs se sont basés sur les données de l’Étude longitudinale du développement des enfants du Québec (ÉLDEQ). L’ÉLDEQ, qui a débuté en 1998 et se poursuivra jusqu’en 2023, porte sur plusieurs aspects de la vie de 2 120 Québécois. Les chercheurs ont séparé les sujets en quatre groupes selon leur situation de pauvreté entre 5 mois et 13 ans : ceux qui n’avaient jamais connu la pauvreté, ceux qui l’avaient connue dans la petite enfance, ceux qui l’avaient connue tard dans l’enfance et ceux qui l’avaient connue toute leur vie. Les sujets avaient été interrogés sur leur sentiment de sécurité à l’école à l’âge de 13 ans.

Déchets, graffitis, manque d’espaces verts…

Les chercheurs constatent que les adolescents qui ont connu la pauvreté toute leur vie ou tard dans l’enfance habitent généralement dans des quartiers caractérisés par une abondance de déchets et de graffitis, par des infrastructures en mauvais état, par un manque d’espaces verts, par de la délinquance et par la présence de nombreuses familles monoparentales.  Les parents ont tendance à percevoir ces quartiers comme étant désordonnés et chaotiques, ce qui semble avoir un impact sur leurs enfants. En effet, plus la perception de ses parents est négative, moins l’adolescent tend à se sentir en sécurité à l’école. Les chercheurs concluent donc qu’il existe une influence indirecte du quartier de résidence sur le sentiment de sécurité à l’école des adolescents, à travers la perception qu’en ont leurs parents.  Les chercheurs n’établissent pas de corrélation semblable chez les adolescents qui n’ont connu la pauvreté que dans la petite enfance. Ces derniers sont également susceptibles de ne pas se sentir en sécurité à l’école, mais ils habitent pour la plupart dans des quartiers plus accueillants.

Des mesures bénéfiques à long terme

Cette étude peut former la base d’une réflexion sur les moyens d’améliorer la qualité de vie dans les quartiers défavorisés. Prévenir et diminuer les comportements délinquants, effacer les graffitis, réparer les trottoirs brisés et augmenter la présence d’espaces verts sont autant de gestes qui pourraient, selon les chercheurs, accroître le sentiment de sécurité à l’école des adolescents. De telles mesures, en plus de favoriser leur bien-être et leur réussite scolaire, pourraient contribuer à réduire, à plus long terme, les coûts sociaux et économiques liés à la pauvreté.