Au Québec, comme ailleurs, les couples se font et se défont. Les familles recomposées sont de plus en plus nombreuses. En 2011, elles comptaient pour 15 % des familles biparentales québécoises (10 % dans le reste du Canada).
Une famille est dite recomposée quand elle est formée, au minimum, d’un couple et de l’enfant d’un des conjoints. D’après Statistique Canada, les familles recomposées peuvent être « simples » ou « complexes ». Un couple et les enfants de l’un des conjoints forment une famille recomposée simple. Si les amoureux ont chacun des enfants de leur côté ou qu’ils décident d’agrandir la famille, ils forment une famille recomposée complexe. Pour dresser un portrait de ces familles, les auteurs ont utilisé des données issues de l’Enquête nationale auprès des ménages (ENM) de 2011. Seules les familles dont au moins l’un des enfants était âgé de moins de 25 ans ont été prises en compte dans cette étude, soit quelque 833 100 familles. Portraits de ces familles modernes.
Des enfants ensemble?
Au Québec, comme dans le reste du Canada, six familles recomposées sur dix sont dites « simples ». Dans deux cas sur trois, les enfants sont issus d’une précédente union de la conjointe. Cette tendance est aussi marquée dans le reste du Canada (sept familles sur dix). Selon les auteurs, cela signifie que les enfants vivent le plus souvent avec leur mère après une séparation.
Partout au pays, dans la majorité des cas, les familles recomposées complexes sont formées du couple, des enfants de l’un des conjoints et d’un enfant commun au couple. Au Québec, « c’est près d’une famille recomposée sur trois qui compte au moins un enfant issus de l’union actuelle des conjoints ».
D’après la littérature, plus les conjoints et l’enfant né de la précédente union sont jeunes, plus il y a de chances que le couple conçoive un nouvel enfant. Les auteurs constatent que « [les ruptures sont plus fréquentes aujourd’hui et surviennent] de plus en plus tôt dans les parcours familiaux ». Ce phénomène peut donc favoriser la venue d’un nouvel enfant dans une famille recomposée simple où l’autre conjoint n’a pas encore fait l’expérience de la parentalité. Au Québec, les conjoints sont aussi plus jeunes dans les familles recomposées simples (39 ans en moyenne) que dans les familles recomposées complexes (43 ans). Les moyennes d’âge sont similaires dans le reste du Canada.
Mariage ? On ne les y reprendra pas deux fois
On le sait, les Québécois sont plus fervents de l’union libre que partout ailleurs au Canada. En première union, six couples sur dix sont mariés au Québec, comparativement à neuf sur dix dans le reste du Canada!
Le mariage est moins populaire chez les couples qui vivent en famille recomposée. D’après la littérature citée, « depuis le début des années 1990, on observe au Canada et en particulier au Québec, un déclin constant des intentions de remariage à la suite d’un divorce ». Au Québec, sept couples sur dix vivants en famille recomposée optent pour l’union libre. C’est donc seulement trois couples sur dix qui choisissent de se marier ou de se remarier. Dans le reste du Canada, on se marie ou remarie tout de même dans six cas sur dix.
Lorsque le couple a un enfant en commun, le mariage gagne un peu en popularité. Ainsi, 35 % des couples ayant un enfant en commun se marie; une proportion qui chute à 28 % chez les couples sans enfant(s) commun (s). On se marie également plus souvent, dans les familles recomposées simples, lorsque les enfants sont issus d’une union précédente du conjoint (près de quatre mariages sur dix) que s’ils sont ceux de la conjointe (environ un mariage sur quatre).
Plus de familles recomposées chez les francophones
L’appartenance linguistique influence également le taux de recomposition familiale. D’après les auteurs, « les recompositions familiales sont plus fréquentes dans les familles dont la langue la plus souvent parlée à la maison par les deux conjoints est le français ». Ainsi, environ une famille francophone sur six est une famille recomposée, mais seulement une sur dix chez les anglophones. La proportion chute à moins de 10 % dans les familles parlant une autre langue.
Le niveau de scolarité a aussi son importance. Tant au Québec que dans le reste du Canada, les recompositions familiales sont plus fréquentes chez les couples ayant un faible niveau de scolarité. Vingt pour cent des familles formées de couples non-diplômés (scolarité inférieure au secondaire 5) sont recomposées pour seulement dix pour cent dans les familles où l’un des conjoints possède un diplôme universitaire.
Des parcours de vie bien différents se dessinent derrière les statistiques présentées par ce bulletin ministériel. L’expérience de la séparation, du divorce, modifie les comportements futurs des couples en famille recomposée. Le rapport au mariage, par exemple, change radicalement. Des spécificités territoriales émergent aussi de ce rapport : le Québec, par sa vision plus « libérale » de la famille, fait figure d’exception par rapport au reste du Canada.