Des œufs, du lait, des légumes surgelés (1). Des aliments en apparence tout simples, presque banals sur une liste d’épicerie. Ajoutez-y des vitamines prénatales, et vous vous retrouvez avec des ingrédients qui peuvent faire la différence auprès de nombreuses mères et leur nouveau-né. C’est la formule qu’a choisie la Fondation OLO. De quoi s’agit-il? D’un programme implanté au Québec depuis les années 1990 qui fournit des aliments de base et des vitamines aux femmes enceintes qui vivent sous le seuil de la pauvreté.
Après une rencontre avec leur spécialiste OLO dans un CLSC participant, les mères reçoivent des coupons échangeables contre l’équivalent par jour d’un œuf, d’un litre de lait et depuis octobre 2019, d’un sac de légumes congelés par semaine. L’objectif est d’aider les mères à bien s’alimenter pour avoir un bébé en santé… à un coût minime.
Deux chercheurs de l’École des sciences de la gestion de l’UQAM s’intéressent aux retombées du programme OLO sur les bébés depuis sa mise en service. Catherine Haeck et Pierre Lefebvre scrutent les fiches de naissance des enfants nés entre 1986 et 2008 afin de comparer le poids à la naissance de l’ensemble des bébés nés sur le territoire d’un CLSC avant et après l’implantation du programme. La question qui tue? Le programme a-t-il les résultats escomptés? Pour la santé des bébés, sans aucun doute, mais les bénéfices ne s’arrêteraient pas là !
Mieux manger pour un poids santé
Pas de doute pour les chercheurs : avec ces quelques principes, le programme OLO contribue à améliorer la santé des bébés, qui ont en moyenne un poids plus élevé depuis son implantation. Quelques simples grammes de plus? En fait, ils sont très significatifs pour le bien-être des nourrissons.
Pourquoi le poids à la naissance est-il si important? Parce qu’il s’agit d’un bon indicateur de la santé future de l’enfant. Les bébés de petit poids (moins de 2500 grammes ou 5,5 livres) ont plus de risques de présenter des retards de croissance ou des difficultés dans le développement de leurs fonctions cognitives. Ils sont aussi plus fragiles face aux maladies infantiles.
La proportion des bébés de petits poids au Québec a baissé de 3,6% grâce au programme OLO. Plus précisément, celui-ci réduit de 1,6 fois le risque de voir naître des bébés avec un petit poids, lorsque comparé aux bébés du même territoire nés avant son implantation dans le CLSC desservi.
Le programme OLO : un investissement fructueux
Malgré son impact positif sur les bébés, une question se pose. Le programme OLO est-il un bon investissement. Après tout, il en coûte 543$ par enfant. Avec environ 15 000 familles aidées par année, la facture grimpe dans les 8 millions de dollars. Est-ce trop cher payé? Les chercheurs sont catégoriques : le programme OLO, ça vaut le coût!
Comme les bébés OLO sont moins susceptibles d’avoir un petit poids, l’économie réalisée avec le programme se trouve dans les soins néonataux. Les bébés de petits poids sont plus souvent hospitalisés, et ont besoin de suivis de santé adéquats. Pour la première année de vie seulement, les chercheurs estiment que l’économie de soins est de l’ordre de 600$ à 700$ par enfant, de quoi rentrer largement dans ses frais!
Le programme amène sans doute des économies à plus grande échelle, surtout lorsque l’on sait que les conséquences sur la santé d’un petit poids à la naissance peuvent s’observer sur plusieurs années. Cela veut dire plus d’économie aussi dans les soins de santé. Alors, rentable le programme OLO? Difficile de le nier!
Bébé en santé, adulte diplômé?
Les chercheurs poussent un peu plus loin leur réflexion sur les avantages du programme OLO. Il serait possible d’en voir les impacts sur d’autres aspects des petits concernés, notamment sur leur réussite scolaire. Ils se basent sur une étude qui montre comment l’augmentation du poids d’un bébé à la naissance augmente à son tour le taux de diplomation. Qu’est-ce que cela signifie? Selon les chercheurs, les petits qui bénéficient du programme OLO pourraient être bien plus nombreux à obtenir leur diplôme d’étude secondaire!
Comme un diplôme vient souvent avec de nouvelles possibilités et un meilleur salaire, les chercheurs se demandent à quel point OLO pourrait permettre de gagner un meilleur revenu. Sur une carrière de 35 ans, ils estiment que les bébés OLO aurait un revenu annuel plus élevé de 339$ en moyenne. C’est donc dire que les bénéfices pour l’enfant et l’État se feront sentir… à très long terme!
Inspiration internationale
Après le réseau des Centres de la petite enfance et les congés parentaux, le Québec fait à nouveau figure d’exemples quant aux soins aux familles et aux bébés avec le programme OLO. Mais celui-ci ne s’arrête pas là. Après avoir aidé les femmes enceintes vulnérables à suivre une bonne alimentation, la fondation accompagne aussi les parents dans la poursuite des saines habitudes alimentaires. Trois axes pour cela : manger des aliments frais et variés, cuisiner à la maison, et partager un bon repas en famille! Les parents reçoivent plusieurs outils pour leur apprentissage et, dans certains cas, les rencontres de suivis OLO se poursuivent après l’accouchement pour continuer dans la bonne voie d’une alimentation saine pour toute la famille.
(1) Le 23 octobre 2019, la Fondation a décidé de remplacer le jus d’orange qu’elle offrait depuis 1991 par un sac de légumes congelés par semaine, pour encourager les familles à manger plus de légumes plus souvent, en cohérence avec le nouveau Guide alimentaire canadien. L’étude de Catherine Haeck et Pierre Lefebvre porte sur le jus d’orange, et non les légumes.
Source : https://fondationolo.ca/que-faisons-nous/les-aliments-olo/