À propos de l'étude

Ce texte de vulgarisation résume l’article de Jessica Wood, Alexander McKay, Jocelyn Wentland et Sandra E. Byers, « Attitudes towards sexual health education in schools: A national survey of parents in Canada », publié en 2021 dans The Canadian Journal of Human Sexuality, vol. 30, n° 1, p. 39-55.

  • Faits saillants

  • Les parents québécois et ontariens sont moins satisfaits de la qualité des cours d’éducation à la sexualité que ceux résidant ailleurs au Canada, en raison des nombreuses modifications au cursus ontarien et du peu d’heures allouées à ces cours au Québec.
  • Contrairement aux parents de l’ensemble du Canada, les parents québécois croient que les comportements sexuels dans les relations amoureuses, le plaisir et les problèmes sexuels gagneraient à être enseignés dès le primaire.
  • L’impact des nouvelles technologies sur la sexualité (ex. : sexting, pornographie, etc.) fait partie des nouveaux sujets enseignés dans les cours d’éducation à la sexualité, ce qui convient à plusieurs parents.
  • Dans les cours d’éducation à la sexualité, les parents québécois sont généralement plus ouverts à inclure des sujets comme le plaisir sexuel et l’identité de genre que les parents de l’ensemble du Canada.

Liam, 5 ans, apprend le nom des parties du corps en maternelle. Romane, 9 ans, se fait enseigner les principaux changements associés à la puberté en 4e année. Leonardo, 14 ans, se familiarise avec les moyens de contraception en 3e secondaire. Obligatoires depuis 2018 au Québec, les cours d’éducation à la sexualité doivent être offerts dans toutes les écoles primaires et secondaires, à raison de 5 à 15 heures par année. Si ces cours sont dispensés partout au Canada, leur contenu varie toutefois d’une province à l’autre. Que pensent les parents canadiens de ces cours ? La majorité d’entre eux les perçoivent d’un œil positif, mais les Québécois et les Ontariens sont un peu moins nombreux à être de cet avis. 

Une équipe de quatre chercheurs du Conseil d’information et d’éducation sexuelle du Canada et de l’Université du Nouveau-Brunswick mène un sondage en ligne auprès de 2 000 parents d’enfants du primaire et du secondaire habitant cinq régions canadiennes (Québec, Ontario, Colombie-Britannique, Prairies canadiennes[1] et provinces de l’Atlantique[2]) afin de connaître leur opinion sur les cours d’éducation à la sexualité. La majorité des participants proviennent du Québec (27 %) et de l’Ontario (40 %). L’objectif ? Comparer l’opinion des parents quant à la qualité des informations transmises, l’âge auquel les enfants devraient recevoir ces cours et la pertinence des sujets enseignés. Il s’agit de la première étude sur le sujet à l’échelle du Canada. 

Des cours de bonne qualité ? 

« Les cours d’éducation à la sexualité devraient être enseignés dans les écoles » : voilà une affirmation qui rejoint la très grande majorité des parents canadiens (85 %). Ce sont ceux des provinces de l’Atlantique qui sont les plus en accord avec cet énoncé (91 %), alors que les Ontariens et les Québécois arrivent en queue de peloton (82 % et 83 %). 

Qu’en est-il de la qualité des cours ? Selon la moitié des parents, elle serait acceptable ou bonne (48 %). Petit bémol : seul un parent sur cinq (20 %) la perçoit comme étant très bonne ou excellente, ce qui est encore plus vrai chez les Québécois et les Ontariens. 

Graphique 1. Réponse des parents à la question « De manière générale, comment évaluez-vous la qualité de l’éducation à la sexualité que votre enfant a reçue à l’école ? »

Comment expliquer cela ? Selon les auteurs, les récents changements dans les cursus de l’Ontario et du Québec ont pu refroidir les parents. Révision du programme d’études ontarien en 2015, abolition en 2018, et finalement nouvelle révision en 2019[3] : il y a effectivement de quoi virer fou ! De son côté, le Québec doit se contenter de seulement 5 à 15 heures par année allouées à ces cours. Est-ce que les parents québécois trouvent qu’ils sont trop laissés de côté ? Il semblerait que oui.

Des sujets variés qui ont la cote ! 

Image corporelle, méthodes de contraception, identité de genre, infections transmises sexuellement, changements associés à la puberté, plaisir sexuel : les sujets pouvant être enseignés dans les cours d’éducation sexuelle ne manquent pas ! Les chercheurs ont demandé aux parents leur niveau d’approbation pour 33 sujets[4] importants à inclure dans les cours. En règle générale, la grande majorité des parents sont d’avis que les cours devraient aborder tous les sujets nommés. 

Les deux sujets les moins « populaires » pour l’ensemble du Canada ? Le plaisir sexuel et l’identité de genre, qui sont tout de même approuvés à 87 % et à 90 %. Par contre, les parents de la Belle province paraissent plus ouverts à les inclure, puisque ces sujets reçoivent respectivement 92 % et 95 % d’approbation au Québec. 

Plus ouverts, les parents québécois ? 

À quel âge les enfants devraient-ils apprendre l’anatomie ? Quand devraient-ils entendre parler des méthodes contraceptives, de l’orientation sexuelle ou des infections transmises sexuellement ? Selon la majorité des parents, 30 des 33 sujets proposés par les chercheurs devraient être introduits avant la 8e année (2esecondaire). 

Le nom correct des parties du corps, l’autonomie corporelle et l’estime de soi devraient être enseignés dès un très jeune âge, selon eux. Par contre, plus de la moitié des parents croient que les comportements sexuels dans les relations amoureuses, le plaisir sexuel et les problèmes sexuels sont des sujets qui devraient être réservés aux élèves du secondaire. Les Québécois sont moins frileux et sont d’avis que tous les sujets devraient être couverts dès le primaire. 

Les temps changent, et les sujets abordés aussi ! L’impact des nouvelles technologies sur la sexualité (ex. : sexting, pornographie, etc.) fait son entrée dans les salles de classe, ce qui satisfait la plupart des parents. Ils sont aussi de plus en plus ouverts à la diversité sexuelle et de genre, puisque la majorité croit que l’orientation sexuelle devrait être abordée avant la 8e année. 

Des cours clés en main pour le corps enseignant

Partout à travers le pays, les parents s’entendent pour dire que les cours d’éducation à la sexualité devraient aborder un large éventail de sujets, du plus commun au plus méconnu. Quand ? Le plus tôt est le mieux ! En revanche, les dispenser repose sur les épaules du personnel enseignant, qui n’est pas toujours suffisamment informé ou à l’aise d’aborder certains sujets. Pour lui faciliter la tâche, l’organisme On SEXplique ça, dont la mission est d’assurer des services d’éducation à la sexualité fiables, positifs et inclusifs, a mis sur pied des ateliers clés en main disponibles pour chaque niveau scolaire. Voilà une excellente initiative pour rendre les cours plus accessibles et pour promouvoir une sexualité saine et épanouissante chez les jeunes !

 


[1] Manitoba, Saskatchewan, Alberta

[2] Nouveau-Brunswick, la Nouvelle-Écosse, l’Île-du-Prince-Édouard et Terre-Neuve-et-Labrador

[3] « Après avoir pris le pouvoir en 2018, les conservateurs ontariens avaient annulé le précédent programme, mis en place en 2015 par les libéraux, en réaction aux doléances de groupes religieux et de parents qui considéraient que certaines notions enseignées, telles que le sexe anal et l’identité de genre, n’étaient pas adaptées à l’âge des enfants. » Source : Radio-Canada, https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1268537/education-sexuelle-reforme-doug-ford-ontario

[4] Pour consulter la liste des 33 sujets, voir le tableau 3 qui se trouve aux pages 44-45 de l’article.